La richesse en ressources naturelles de certains pays du continent africain représente une opportunité, mais aussi un grand risque de pillage au seul profit de grandes entreprises et d’une certaine élite. Le tout au détriment des populations avec le danger d’une explosion sociale. C’est ce qu’illustre le livre de Léonce Ndikumana et James K. Boyce « Sur la piste de la fuite des capitaux d’Afrique ».
Au cours de ces cinquante dernières années, la fuite des capitaux a occasionné à l’Afrique subsaharienne la perte de plus de 2 000 milliards de dollars. Depuis 20 ans, le phénomène s’est accru, atteignant en moyenne 65 milliards de dollars par an. Une somme malheureusement non compensée par les apports d’aide publique au développement.
Les ressources naturelles des pays africains (pétrole en Angola, cacao en Côte d’Ivoire, minéraux en Afrique du Sud…) au lieu de représenter des capitaux nationaux suivent le modèle : extraction rapide avec accumulation offshore. L’Angola qui a vu s’envoler plus de 100 milliards de dollars en un peu plus de 30 ans (soit l’équivalent de son PIB en 2018), n’a pas vu le pétrole soulager cette hémorragie. Cette ressource et les revenus associés ne profitant qu’aux grandes entreprises pétrolières et à une élite nationale (alors que près de la moitié de sa population n’a pas accès à l’eau potable), la paix sociale s’en voit menacée. Même constat en Côte d’Ivoire, où la majorité des producteurs de cacao ont du mal à être rentables alors que l’évasion des liquidités a été chiffrée à 55 milliards de dollars en près de 50 ans.
La fuite des capitaux est un phénomène mondial
Le livre « Sur la piste de la fuite des capitaux en Afrique » de Léonce Ndikumana et James K. Boyce aux éditions Oxford University Press se penche sur la dynamique de cette perte des liquidités vers l’étranger de trois pays : l’Angola, la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud. Des pays qui ont connu ces sorties financières illicites à grande échelle au cours des dernières décennies. Une analyse quantitative, qualitative et institutionnelle de chaque territoire est utilisée pour examiner le modus operandi de cette évasion. Les preuves révèlent un réseau complexe d’acteurs impliqués dans sa facilitation et son orchestration. Il y est aussi mis en lumière l’accumulation de richesses privées dans des juridictions secrètes offshore. Cela met en évidence le fait que la fuite des capitaux est un phénomène mondial et que les mesures visant à l’enrayer relèvent de la responsabilité partagée de l’Afrique et de la communauté internationale. S’attaquer à ce problème complexe et aux questions connexes telles que la mauvaise facturation commerciale, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et le vol de biens publics par les élites politiques et économiques nécessitera des efforts nationaux et mondiaux… avec un haut niveau de coordination !
On the Trail of Capital Flight from Africa, The Takers and the Enablers sous la direction de Léonce Ndikumana et James K. Boyce
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