Voici une pollution qui passe inaperçu à l’œil nu… et pourtant. Actuellement, dans notre espace, des millions de débris spatiaux partent à la dérive. Vestiges d’anciens satellites, de stations orbitales, de fusées, ils étaient autrefois utiles et représentent aujourd’hui un danger pour les infrastructures en fonctionnement ou qui seront lancées dans le futur.
Alors concrètement, quels dangers représente cette pollution et quelles solutions y apporter ? Contacté par Initiatives, Benjamin Bastida Virgili, ingénieur au bureau des débris spatiaux de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) explique : “Nous recensons actuellement 30 000 débris spatiaux de 10 cm et plus. Ce sont ceux que l’on peut cartographier, afin d’éviter qu’ils n’entrent en collision avec nos satellites par exemple”.
En tout, l’ESA répertorie environ 330 millions de particules mesurant entre 1 mm et 1 cm !
Le risque ? Que ces débris percutent des installations en fonctionnement : les satellites par exemple. Ceux-ci remplissent un rôle majeur pour l’humanité, fournissant accès à internet, données météorologiques…
C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé en 2016, raconte Benjamin Bastida Virgili : “Les panneaux solaires de l’un de nos satellites, le sentinel 1, a été percuté par un débris qui faisait environ un centimètre. Nous avons constaté que le satellite bougeait, il a un peu perdu en puissance, mais il a continué à fonctionner”.
Dans ce cas précis, il est impossible de prévoir la collision, le débris étant trop petit. Parfois résultat d’accidents, d’autres fois, d’essais hasardeux, les débris spatiaux représentent aujourd’hui un vrai danger, qu’importe leur taille, d’ailleurs. Le Centre national d’études spatiales (CNES) explique par exemple qu’un objet de 1 cm de diamètre aura la même énergie qu’une berline lancée à 130km/h !
Mais d’où proviennent les débris spatiaux ?
Remontons un peu le temps. En 2009, c’est le satellite russe hors d’usage Kosmos-2251 qui a été à l’origine d’une collision avec un satellite en fonctionnement : l’Iridium-33. Résultat : plus de 600 débris générés.
Deux ans plus tôt, en 2007 c’est la Chine qui, pour démontrer sa puissance dans le cadre de l’essai de l’un de ses missiles antisatellites, détruit le satellite Fenguyn-1C. Résultat : l’explosion produit 2300 gros débris, 35 000 débris d’au moins un cm et plus d’un million de particules millimétriques !
Et il ne s’agit là que d’exemples. Mais où se trouvent-ils ? Benjamin Bastida Virgili explique : “Ils se situent majoritairement entre 700 et 900 km d’altitude, en orbite basse, c’est aussi la zone où gravitent les satellites météorologiques d’observation… On en répertorie aussi une grande partie en orbite géostationnaire, à 36 000 km d’altitude.”
Et comme l’humanité ne saurait se passer de satellites, des solutions sont à l’étude pour éviter, qu’à l’avenir, nous ne soyons plus en capacité d’envoyer de nouvelles technologies dans l’espace.
Débris spatiaux : quelles réponses apporter ?
Nous l’avons compris, à l’image de notre planète, notre espace est devenu une véritable “poubelle”. Ainsi, plusieurs possibilités s’offrent à nous pour anticiper l’avenir, et éviter d’amplifier le problème : “Il faut déjà être sûr que les nouveaux satellites ou lanceurs que l’on envoie dans l’espace n’y resteront pas. Il existe une loi spatiale en France qui dit que tout objet envoyé à moins de 10 000 km d’altitude doit revenir sur terre en moins de 25 ans à partir de la fin de la vie utile des satellites”, poursuit Benjamin Bastida Virgili. Il n’existe cependant pas de consensus international sur le sujet.
Pour les vieux débris, ou vieux satellites, une étude a démontré qu’il faudrait ramener environ “cinq débris par an, les plus gros d’entre eux, pour stabiliser l’évolution du nombre de débris dans les zones les plus peuplées. »
Pour cela, plusieurs projets sont à l’étude, comme le lancement du robot ClearSpace-1, financé par l’ESA, qui aura lieu en 2025. Sa première mission ? “Attraper l’adaptateur de la fusée Vega et le ramener au sol”.
Par la suite, il remplira une mission de servicing. Le but ? : “Rallonger la vie utile des satellites et leur permettre de rester plus longtemps en orbite ; on peut imaginer que plus tard, il sera à même d’effectuer ces deux missions de façon coordonnée”.
Autre possibilité : équiper les nouveaux satellites pour qu’ils puissent dans le futur être enlevés, les vieilles infrastructures n’étant pas faites pour cela. “Nous sommes en train de développer des technologies qui nous permettront de rapatrier nos satellites qui devraient être lancés dans les cinq prochaines années”, conclut Benjamin Bastida Virgili.
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